OUVERTURE DU PAYS SUR LE MONDE EXTERIEUR.
Alors que les portugais étaient déjà présents sur la côte orientale de l’Afrique depuis le XVème siècle, les premières incursions d’explorateurs européens au Burundi n’auront lieu qu’au milieu du
XIX ème siècle. Deux explorateurs britanniques, Richard Francis Burton et John Hanning Speke, anciens officiers de l’armée des Indes, accostèrent et passèrent la nuit près de l’actuel centre de Nyanza-Lac, au sud du pays le 14 avril 1858. Leur objectif étant de remonter la côte burundaise du lac Tanganika pour localiser ce qu’ils pensaient être l’exutoire du lac et donc la source du Nil. Devant l’hostilité de la population, les deux explorateurs s’éloignèrent dès l’aube du 15 avril vers le village d’Uvira sur la rive congolaise du lac. De là, ils apprirent qu’au lieu d’un déversoir, l’extrémité nord du lac Tanganika était constituée de l’embouchure de la rivière Ruzizi. Ils durent donc rebrousser chemin. Speke a exploré seul le lac Victoria en juillet-août 1858 et découvert que ce lac était la vrai source du Nil.Malgré la fuite de ces premiers intrus dans le royaume du Burundi, la brèche était faite. Et, comme le fait remarquer Harroy : «cette avant-garde européenne annonçait des événements très importants qui, dès la fin du siècle, allaient bouleverser la vie du pays. »
Les 24 et 26 novembre 1871, toujours à la recherche de la source du Nil, le missionnaire protestant David Livingstone et le journaliste américain Henry Morton Stanley ont campé à environ 10 km au sud de Bujumbura. Cette tentative d’incursion de l’homme blanc fut accueillie encore une fois par l’hostilité des burundais, décidément jaloux de leur souveraineté. Un mémorial constitué d’un monolithe de 10 tonnes fut érigé par l’administration belge le 15 novembre 1956 à l’endroit où cette rencontre a eu lieu.
L’image ci-contre montre les trajets suivis par Burton et Speke d’un côté, Livingstone e et Stanley de l’autre à la recherche de la source du Nil. La carte a été étable par Jean Pierre Chrétien sur base des récits de ces explorateurs.
Par la suite, les Pères Blancs tentèrent de pénétrer au Burundi par le Nord-Est et réussirent cette fois à s’installer et à fonder une mission à Muyaga en 1898, qui sera suivie par plusieurs autres, dont celle de Buhonga, située à 10 km dans les contreforts surplombant Bujumbura à l’est.
Dans la foulée des explorateurs, des Pères Blancs envoyés par le cardinal Lavigerie tentèrent de s’introduire au Burundi. La première caravane arriva à Rumonge, sur les rives du lac Tanganika en 1879. Trois de ces missionnaires furent massacrés par la population locale en 1881. En 1891, une autre caravane de Pères Blancs tenta de s’installée à Uzige, près de l’actuel Bujumbura ; ils furent de nouveaux massacrés.
La photo ci-dessus montre les Pères Blancs en compagnie de deux officiers allemands dont le Résident VON BERINGE (deuxième à partir de la droite) posant à l’emplacement choisi pour construire la mission de Buhonga le 8 décembre 1902
Bien après les explorateurs, un négrier arabe du nom de Mohammed Ben Khalfan, dit Rumaliza, tenta en 1884 de s’introduire au Burundi. Ses hommes subirent une cuisante défaite devant l’armée de Mwezi Gisabo, Roi du Burundi. C’est ainsi qu’au Burundi la traite des esclaves fut très limitée. A ce propos, la littérature de l’époque fait état du rachat d’enfants par les premiers missionnaires des Pères Blancs à Rumonge. Ces enfants, rachetés probablement à des négriers arabes, ont été les premiers baptisés du Royaume de l’Ouroundi, pour reprendre le terme des missionnaires de l’époque.
Après la conférence de Berlin de 1885, les Allemands avaient fait reconnaître sur le plan international, leur souveraineté sur un vaste territoire appelé « L’Afrique Orientale Allemande », souveraineté acquise par des contrats successifs avec des autorités locales africaines. Le Burundi et le Rwanda faisaient partie de ce territoire, à l'insu des autorités traditionnelles et des populations respectives de ces deux pays.
Période de colonisation allemande.
La conquête de l’Est africain par l’Allemagne à la suite de la conférence de Berlin de1885 s’est faite par des contrats successifs avec des autorités locales comme on vient de le voir. Les Allemands étaient de fait reconnus internationalement comme souverains sur « L’Afrique Orientale Allemande » qui incluait le Rwanda et le Burundi sans que les rois et les peuples de ces deux états ne soient au courant de cette souveraineté allemande sur leurs territoires.
Les Allemands disposaient déjà en 1896 d’un poste militaire à Uzige(sur la route d’Uvira) avant d’installer la station militaire d’Usumbura en 1899 alors que le siège de la Royauté était localisé au centre du pays.
La photo a gauche prise en 1902 montre le camp militaire allemand d’Usumbura. Il était érigé à l’emplacement de l’actuelle Place de la Révolution, entre la Banque de la République, le Parquet de Bujumbura et le Ministère de la Fonction Publique. Sur la photo, on reconnaît deux officiers allemands (casques blancs) en compagnie du Frère Mathieu de Buhonga (soutane blanche) et un citoyen burundais (pagne noir).
L’Afrique Orientale Allemande dont le Burundi et le Rwanda faisaient partie était placée sous l’autorité d’un gouverneur basé à Dar-es-Salaam en Tanzanie actuelle ; sous la supervision de ce dernier, le Rwanda et le Burundi étaient administrés respectivement par un résident. Le siège de la Résidence Allemande au Burundi fut établi pour la première fois à Bujumbura en 1906 et déplacé vers Gitega au centre du pays en 1912 en guise de reconnaissance de l’autorité du Roi.
La période de colonisation allemande au Burundi, qui commence avec l’établissement du poste militaire de Bujumbura en 1896, a connu l’autorité successive de 4 gouverneurs à Dar-es-Salaam :
Von Liebert (1896-1901) Von Goetzen (1901-1908) Von Richnberg (1908-1912) Von Schneer (1912-1916)
La Résidence Allemande du Burundi a été quant à elle administrée par 10 résidents en 16 ans. Il s’agit de Von Berthe, Von Grauwert, Von Beringe, Langen Von Steinkeller, Göring, Von Stegmann, Langen Von Steinkeller, Von Bock, Schimmer, Wauntzel, Langen Von Steinkeller.
Le Résident VON BERINGE en compagnie des Pères Blancs de Buhonga en 1902.
Les Allemands s’établissent au Burundi au moment oùCyilima une rébellion éclate contre le Roi Mwezi Gisabo. Les deux chefs rebelles sont Macoonco, le propre gendre du Roi et , demi-frère de Mwezi Gisabo.
Cyilima était l’enfant naturel que le Roi Ntare Ruyenzi avait eu avec une femme congolaise lors d’une expédition au Kivu. Mais Ntare ne l’a jamais reconnu. Devenu adulte, Cyilima (photo ci-contre) entreprend une rébellion pour s’approprier un territoire auquel il estimait avoir droit en raison de son affiliation au Roi Ntare Ruyenzi.
Selon des archives allemandes retrouvées à Kigoma par les troupes alliées après la première guerre mondiale, le Gouverneur Von Gotzen aurait instruit le Résident Von Grauwert de restaurer l’autorité du Roi Mwezi Gisabo aux prises avec des rébellions comme nous venons de le voir. Adoptant la politique de diviser pour régner, le Résident commence par soutenir les deux chefs rebelles Cyilima et Macoonco. En réaction à ce défi, le Roi Mwezi interdit à la population tout contact avec les européens. La population fit mieux qu’obéir et chassa le Chef Maconco imposé par les Allemands. Le Résident Von Beringe, remplaçant Von Grauwert en congé, décide d’envoyer une expédition punitive contre Mwezi. Pour ce faire, il réquisitionne des troupes à Tabora en Tanzanie actuelle et lance son expédition le 27 avril 1903. Devant la puissance de feu des troupes allemandes équipées de fusils automatiques, les vaillants guerriers de Mwezi, armés de lances, d’arcs et de flèches ne tiennent pas longtemps; Mwezi capitule et signe le 06 juin 1903, le traité de Kiganda, en réference à une localité située dans le centre du pays et où le Roi avait une résidence. Les termes de ce traité stipulent, entre autres, que le Roi reconnaît l’autorité allemande. En échange les Allemands reconnaissent sa Royauté. Ainsi, l’autorité des Allemands n’est reconnue par le souverain du Burundi que 7 ans après l’établissement du poste militaire allemand d’Usumbura.
En 1908 le Résident Von Gauwert exige de Mwezi Gisabo de descendre à Bujumbura, alors que la coutume interdisait aux Rois de voir le lac Tanganika sous peine de mourir. Le Roi obéit et mourut le lendemain de son retour de Bujumbura, sur les collines de Buhonga surplombant Bujumbura, confirmant ainsi le tabou sur l’accès des Rois au lac Tanganik.
En 1912, LANGENN VON STEINKELLER, qui redevient Résident de l’Urundi après l’avoir été de 1908 à 1910 entreprend de consolider le pouvoir du jeune Roi Mutaga Mbikije dont il perçoit mieux le rôle en tant qu’autorité traditionnelle. C’est dans ce cadre que la Résidence allemande est transférée d’Usumbura à Gitega au centre du pays. Cette Résidence fut inaugurée le 15 Août 1912.
La photo ci-dessus montre le Résident VON STEINKELLER (uniforme sombre au centre) en compagnie des Pères Blancs des missions voisines de Buhoro et Mugera devant la Résidence le jour de son inauguration.
Dès 1914, la 1ère guerre mondiale qui sévit en Europe va avoir des effets dans cette partie de l’Afrique. Les Belges présents au Congo alliés aux Britanniques présents en Afrique australe vont chasser définitivement les Allemands de toutes leurs colonies africaines(voir les détails dans la section : Le Burundi sous l’Administration Belge).
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